Mobilisation: Des agriculteurs de la région à Bruxelles

Des agriculteurs de la Marne et des Ardennes sont partis rejoindre un cortège d'agriculteurs venus de toute l'Union européenne

Modifié : 12h46 par
Tracteurs Charleville
Crédit : Juliette Pirot-Berson

Dix mille agriculteurs de toute l'Union européenne sont attendus à Bruxelles aujourd'hui. Ils se rassemblent, à l'initiative des syndicats, pour protester contre l'accord de libre-échange avec les pays d'Amérique du Sud membres du Mercosur. 200 Marnais et 50 Ardennais sont partis en bus en direction de la capitale belge pour se joindre à la mobilisation. 

La crainte d'une viande de mauvaise qualité à bas prix

Les éleveurs français craignent l'arrivée en France de viande de mauvaise qualité et une perte de compétitivité. 

"Aujourd'hui, la viande bovine est achetée aux agriculteurs entre 6,50€ et 7,50€ du kilo de carcasse, ce prix est à minima rémunérateur, mais en parallèle on va augmenter l'importation de viande produite dans des conditions différentes des notres", témoigne Thierry Huet, président FDSEA des Ardennes.

"On risque d'avoir des conditions importées à un prix qui serait plus proche des 3 à 4 € du kilo de carcasse. La compétitivité, le mode de production à la française intègrant le bien-être animal, l'environnement, la qualité du produit ne seront plus respectés. Nous éleveurs, nous ne pourront plus vivre", poursuit l'agriculteur. 

"En Argentine, vous voyez des bêtes sur des hectares, c'est des camions qui les nourrissent, avec toutes sortes de choses (vitamines, hormones). Excusez moi l'expression, mais on va nous faire manger de la merde", s'indigne Nicolas Clouet, agriculteur aux Grandes-Armoises et syndiqué à la Coordination rurale des Ardennes. 

"Un très très gros ras-le-bol agricole"

La contestation de l'accord avec le Mercosur résonne avec l'actualité de la dermatose nodulaire. Cette maladie, qui s'est diffusée en France ces derniers mois, a entraîné l'abattage de troupeaux entiers. Une réponse à l'épidémie qui a suscité la colère des éleveurs.

"Il y a un très très gros ras-le-bol agricole, la dermatose nodulaire c'est un sujet important, le Mercosur l'est tout autant. Ils nous abattent nos troupeaux mais si derrière ils rentrent de la viande d'Argentine, on a plus rien à faire comme éleveur en France", explique Inès, éleveuse de bovins près de Poix-Terron. 

L'UE espère un vote sur cet accord en fin de semaine. La France a de son côté demandé un report du vote du texte par les Etats-membres. "Sur le Mercosur, nous considérons que le compte n'y est pas et que l'accord ne peut pas être signé", a déclaré Emmanuel Macron, jeudi 18 décembre, à son arrivée à Bruxelles. 

Autres sujets de contestations aujourd'hui à Bruxelles : la nouvelle PAC (politique agricole commune) pour la période 2028-2034 et le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières.